« Vous avez beau m’enfermer, vous ne m’aurez pas ! » C’est ainsi qu’on pourrait résumer le propos de 4m2.
Cette forme chorégraphique unique en son genre propose de transcender les contraintes spatiales et temporelles, pour offrir une traverséeinitiatique au coeur de l’intime. Les interprètes sont chacun·e confiné·e·s dans des boîtes translucides de 4m2. Sur une musique techno envoûtante, leurs solos sont reliés les uns aux autres par une série de rendez-vous, illustrant par là notre capacité à recréer du lien. Le dispositif de 4m2 a ceci de pratique qu’il s’adapte à tous les espaces : théâtres, établissements scolaires, bâtiments publics, parcs et jardins. Et si le danseur peut trouver sa liberté dans les contraintes les plusimprobables, peut-être que nous le pouvons aussi ?
Au sortir du premier confinement, avec Sylvain Groud, nous avons longuement échangé et structuré le récit de notre perception, rythme intérieur, et des différentes étapes ressenties que nous avons vécues tout au long de cette période inédite.
On dit que la contrainte stimule la création, dans ce cas, beaucoup de choses se sont imposées à moi quand nous avons commencé à penser à la pièce 4m2.
Tous les interprètes dans ces espaces clos, comme une somme de solitudes, quelques rendez-vous communs, évènements-étapes… m’ont amené à penser un environnement sonore spatialisé. Au cœur de l’espace, les sons tournent, circulent, s’arrêtent, s’insinuent. Une forme de musique intérieure qu’on peut ressentir quand on est seul dans le silence absolu. Quand on colle l’oreille sur un coquillage, on croit entendre la mer, mais il s’agit en fait du son de notre propre corps : le battement du cœur, la circulation du sang…
Aussi, à chaque endroit de l’espace les rythmes et circulations peuvent être différents, le son entre en phase, se dé-phase, selon notre position parmi les 8 sources sonores. Le fait de jouer la musique de ce spectacle en live, me permet de moduler les sources qui se répondent parfois en jeu de miroirs, ou en réaction/réponse à des pulsations pré enregistrées ou générées en direct. De plus, mon regard, comme celui du spectateur, vagabonde au gré des danseurs et de leurs mouvements, je réponds, j’accompagne, je décris en surimpression la base d’environnement sonore que j’ai pré-établie. D’autres moments de communion se veulent explosifs, jouissifs et entrainant. Une nécessité, un exutoire. Pendant le confinement, on appelait ça, faire un apéro zoom, faire une séance de sport, danser tout seul dans son salon, ou encore partir faire un footing.
Transcendant les contraintes sanitaires, Sylvain Groud et les magnifiques interprètes du Ballet du Nord nous convient avec 4 m2 à une expérience riche et rare, au coeur de l’art chorégraphique.
Delphine Baffour – La terrasse
La réussite de ce 4m2 s’estime dans cette ambiguïté qui rendît appréciable une coercition et fît de contraintes insupportables les règles d’une pièce superbe…
Philippe Verrièle – Danser Canal Historique