A la suite d”une injection médicamenteuse, Christina, la Femme désincarnée perd sa capacité de proprioception. “Qu’y-a-t-il en effet de plus important pour nous, à un niveau élémentaire, que la pleine possession, la maîtrise et le bon fonctionnement de notre identité physique ? Elle va tellement de soi […] que nous ne lui accordons pas la moindre pensée”, écrit Oliver Sacks.
Et c’est ce qui arrive à cette femme : son corps “fonctionne” parfaitement, son cerveau aussi, mais il n’y a plus de lien entre eux, elle n’a plus le “sens d’elle-même”.
Par la seule force de son caractère, elle va entreprendre de “recréer une connexion”, en se concentrant pour réaliser le moindre mouvement, la moindre position statique. Jusqu’à recréer une sorte “d’automatisme artificiel”. Le neurologue et écrivain la décrit en train de “s’asseoir très délicatement – trop délicatement, d’une manière hiératique, comme une danseuse au milieu d’une pose.”. Ainsi, elle réussit à manœuvrer, et pourtant elle ne réussit pas à “être” son corps. Dans ce corps résidaient les traces de ses souvenirs, ses expériences, son vécu…. En un mot, son identité. Qui est-elle, désormais ? Voilà la femme dont nous racontons l’histoire, avec ses moments de force, d’espoir et de désespoir.