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K()SA

La Malagua

« Kosa » veut dire « voler » en langue totonaque. La danse des « voladores » (hommes volants) est une tradition amérindienne originaire du Mexique. La cérémonie rituelle des « voladores » est une danse pour demander aux dieux de la pluie pour la fertilité de la Terre. Au cours de la cérémonie, quatre jeunes hommes escaladent un tronc d’arbre de dix-huit à quarante mètres de haut. Un cinquième homme se tient sur la plate-forme qui surplombe le poteau et de sa flûte et son tambour joue des airs en l’honneur du soleil, des quatre vents et de chacune des directions cardinales. Après cette invocation, les autres se jettent « dans le vide » depuis la plate-forme. Attachés à la plate-forme par de longues cordes, ils tournoient tandis que la corde se déroule, imitant le vol d’un oiseau et descendant progressivement jusqu’au sol. Chaque variante de la danse étant un moyen de faire revivre la naissance de l’univers, et la cérémonie rituelle des voladores une forme de communication avec leurs déités, un appel à l’équilibre des forces.

K( )SA est la première partie d’une trilogie de solos chorégraphiques qui prend ancrage sur la cérémonie des voladores pour mettre en dialogue nos rituels ancestraux avec nos rituels contemporains à partir de l’expérimentation avec de l’eau comme matière et sa relation avec le corps dans des différents états.

Dans ce premier solo, Scheherazade met en corps des questionnements sur nos liens au cosmos et à nos origines. Qu’est-ce que nous soutient ? A quoi nous nous accrochons ? A partir d’une recherche sur le corps en suspension et le corps sous l’eau, K( )SA expérimente sur notre posture et sa relation avec notre milieuComment le rapport entre matière et densité nous fait ressentir un changement dans la façon d’expériencer la gravité ; d’être ? Comment ce ressenti change-t-il notre rapport au milieu ?

 « Danser à l’envers », selon la proposition d’Antonin Artaud, procède d’un renversement métonymique ; il s’agit de contester la suprématie de l’élan vertical, de faire vaciller le corps, de le faire ployer sous son propre poids afin qu’il réinvestisse la terre et change notre rapport au monde.  Ainsi, renverser les axes, comme proposition chorégraphique, est une invitation à explorer des nouveaux rapports à autrui et à notre milieu ; à expérimenter la possibilité de créer d’autres espaces, d’autres temps, d’autres façons de concevoir le monde. Redonner au corps une place comme source de savoir et de connaissances, expérimenter l’inconnu comme force créatrice, se jeter dans le vide pour se reconstruire et accepter d’autres cosmovisions, accepter la diversité pour envisager d’autres formes de vivre ensemble.

Ainsi, dans cette pièce le corps dialogue sur scène avec la gravité, le vide et le déséquilibre sur terre, mais aussi en suspension et dans l’eau. Ces dialogues permettent d’expérimenter le changement d’axe et donc de perspective et ouvrent la porte à des nouvelles approches dans notre rapport au monde.

Le dialogue en suspension est notamment exploré à partir d’une corde qui me lie à l’univers comme un cordon ombilical et qui me permet de rechercher les relations entre poids, espace, gravité et axes. Ces mêmes aspects sont explorés dans l’eau où le rapport avec la gravité est presque le contraire.