« Il y a des phrases congelées. Personne ne connaît leur sens ni leur origine. Elles ont, toutefois, un but précis et pour cette raison et pour leur mystère on dit qu’elles sont rituelles. »
Alfredo López Austin
Kuxtú veut dire purifier-nettoyer en langue totonaque, une langue originaire du Mexique. Kuxtú est la deuxième partie d’une trilogie de solos chorégraphiques qui s’intéresse aux rituels pour explorer les rapports entre tradition et contemporanéité à partir de l’expérimentation avec l’eau comme matière et sa relation avec le corps.
À la suite de K( )SA (création novembre 2020) où Scheherazade explore de liens au cosmos et aux origines à partir du rapport entre verticalité et densité, en Kuxtú, elle s’immerge dans les rituels de préparation pour explorer nos façons de concevoir et de faire l’expérience du temps. L’eau, matière sur laquelle Scheherazade a travaillé pour K( )SA, devient glace et l’exploration sur la verticalité change d’axe pour retrouver l’horizontalité.
En effet, tandis que le « vol » de La Danse des Voladores, manifestation la plus ostensible du rituel, ne dure que quelques minutes, les rituels de préparation commencent 9 jours avant la cérémonie elle-même et cherchent à ne pas laisser des traces. Or, ce sont ces « pré-rituels », d’habitude négligés, ceux qui permettent aux Voladores de préparer leurs corps et leur énergie pour s’engager dans un état corporel propice à une mise en contact avec le sacré. Dans cette pièce, Scheherazade s’intéresse ainsi à ces temps de préparation qui fondent ; ces transitions dans lesquelles nous nous nettoyons pour faire place à ce qui arrivera ; ces temps congelés en suspension. Kuxtú explore comment, le corps performatif contient-il cette temporalité suspendue qui établit un lien entre un temps ancestral et le temps contemporain.