Saltarines est une pièce chorégraphique réunissant 10 interprètes au plateau, un projet tout en dynamique qui rassemble ballerines et saltarines, autrefois réunies au XVIe siècle. Au-delà du travail de recherche sur ces deux corps que composaient auparavant le ballet, c’est ici la question des arts frères (danse et cirque), du saut et de la saltation, de l’envol et du rebond qui sont mis en exergue.
Bien que liés, danse et cirque n’ont pas toujours été sur un pied d’égalité. Depuis l’Antiquité, les danses acrobatiques sont associées à la passion, à l’exaltation, et s’opposent à la danse calme et mesurée. Passionnées, les saltarines renvoient à une forme d’expression outrancière, sensuelle, fruit d’un dépassement de soi. Loin de toute transe stérile, leur puissance fertile, qui dérange, mérite d’être interrogée aujourd’hui.
Avec Saltarines, Samuel Mathieu et Fabienne Donnio donnent à voir un saut à la fois grave et séduisant, âpre et joyeux où hommes et femmes sont réunis sous une même identité. Une approche transformiste pour les uns, si précise, si fine que le genre devient banal, inaperçu, et passe au second plan.
Saltarines est le saut qui défie la pesanteur et désavoue la rumeur. Un geste articulé tel un cri spatial et temporel, sorte d’envolée engagée, lyrique, mouvante. Comme un aveu identitaire, à l’écoute d’une pulsation, d’un rythme, d’un phrasé décliné au présent. Sorte de retrouvailles des genres et des disciplines où puissance et vulnérabilité se rassemblent.